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Un entrepreneur viticulteur : Portrait de Pierre-Edouard Chatin (promo 2007)
Pourquoi as tu intégré l’ESSCA ?
En terminale, j’étais très indécis sur mon avenir professionnel et le choix d’études à suivre. Il y avait des projets passion (histoire, architecture), des projets plus rationnels (économie, maths) et des projets qui intégraient ces 2 dimensions tout en faisant découvrir le monde de l’entreprise dont j’ignorais à peu près tout. L’Essca était ce projet !
Qu’en retiens-tu ?
Des amitiés, d’abord ; car je crois que ces années étudiantes, loin de notre famille, construisent pour beaucoup d’entre nous la colonne vertébrale de notre de vie d’adulte.
L’enseignement, bien sûr ! J’ai tout de suite accroché avec les disciplines économiques et financières. Apprendre à lire un bilan, calculer la valeur d’un investissement, comprendre la relation entre l’inflation et le taux d’intérêt, c’est se mettre dans les baskets de chaque entrepreneur qui doit faire des choix, bâtir des projets et gérer une société. Ça m’a paru génial de toucher du doigt de tels enjeux à 19/20 ans
Enfin, je retiens la beauté et la richesse culturelle et historique de cette région ligérienne où je n’étais jamais allé auparavant et à laquelle je reste très attaché toujours aujourd’hui
Quelles ont été les grandes étapes de ta carrière ?
J’ai attaqué par du classique : stage de fin d’études chez BNP Paribas à Londres et VIE toujours chez BNPP, en Indonésie. Les matières premières (pétrole, céréales, café, sucre, métaux...) m’ont tout de suite plu. C’est très concret et ce sont des enjeux immenses. En plus, le défi social et écologique rajoute une dimension fondamentale à ces sujets.
En rentrant de Jakarta, j’ai donc travaillé pendant 6 ans dans le financement de matières premières (chez BNPP puis BGFI) à Paris avec des déplacements réguliers dans des ports, des mines, des plantations, des minoteries pour aller voir et comprendre comment fonctionne cette immense chaîne qui transforme et apporte un produit brut, jusqu’à notre assiette ou notre réservoir d’essence.
En 2015, j’ai rejoint le groupe Roullier, un groupe français du monde agricole spécialiste de de la nutrition végétale, pour m’occuper des financements des ses filiales et ses clients. C’était assez proche de ce que je faisais jusque-là ; mais pour une fois, j’étais celui qui emprunte et non celui qui prête… Après ce premier poste, Roullier m’a proposé de m’occupe des filiales sud-américaines du Groupe. C’était un gros défi de passer d’un poste de spécialiste d’un petit domaine (le financement) à un rôle généraliste qui gère toute la vie d’une entreprise. Nous sommes donc partis, avec ma femme Amélie et nos 2 enfants pour 4 ans en Uruguay, où est née notre troisième, Joséphine. De ces 4 années, je ne garde que des bons souvenirs et un goût prononcé pour la culture sud-américaine qui est tellement attachante et proche de notre culture latine
Comment est né ton goût pour l’entrepreneuriat ?
Je crois qu’il est né en même temps que moi car j’ai toujours eu envie de monter une société, de déposer un brevet, de créer un concept. Bref, de me lancer !
Quelle est la genèse de la reprise du Château de Respide, parle nous de cette formidable aventure...
La genèse de notre repise de Respide, c’est d’abord un projet de famille. Amélie est ingénieur agronome et œnologue. Elle a commencé sa carrière dans le Champagne (chez Ruinart), puis dans une bodega uruguayenne. Amélie m’a transmis cette passion du vin qui ne vient pas de famille mais qui a bien « infusée » de mon côté car mes 2 sœurs travaillent aujourd’hui également dans le vin !!
Amélie rêvait de travailler à Bordeaux, probablement le terroir le plus magique que la viticulture ait connu. Et moi, je voulais reprendre une société. Nous avons simplement fusionné nos projets
Quelles difficultés / opportunités ?
Un vignoble est toujours une activité qui façonne la vie d’une famille. La majorité des transmissions de propriétés se fait donc des parents aux enfants. Heureusement pour nous, il y a quelques exceptions…
Nos critères étaient simples : d’abord un joli terroir car le vin vient reflète avant tout de ce que la nature nous donne : le sol, le climat, l’encépagement, la qualité de la conduite de la vigne sont les paramètres les plus importants quand on veut reprendre une propriété.
Ensuite il faut avoir une vision à long terme. Le vin, c’est 10, 20, 30 ans de travail pour faire avancer son exploitation dans une direction. Dans une fintech, on peut opérer un virage stratégique encore plus important en 3 mois. Cette approche du temps long nous renvoie à la fois à notre histoire millénaire avec le vin, mais également à notre responsabilité sociale et environnementale pour le futur. C’est passionnant !
En 2020, nous avons visité le Château de Respide et rencontré Christine et Franck Bonnet, nos prédécesseurs, avec lesquels nos avons eu un « coup de foudre » réciproque : des vignerons passionnés, responsables et talentueux. En 2021, l’affaire était faite et nous rentrions en France pour nous installer à Bordeaux et reprendre le Château de Respide.
Les vins du Château de Respide nous plaisaient et jouissaient déjà d’une belle notoriété, mais plutôt dans le Sud-Ouest. La mission que nous nous donnons est double :
- Toujours innover à la vigne comme au chai pour produire de grands vins, réduire notre empreinte carbone et mieux comprendre le lien entre le terroir et le vin
- Faire connaître les vins de Respide en France et dans le monde
Quels sont tes liens au sens large avec l'écosystème Essca ?
Mon écosystème Essca, ce sont avant tout mes amis d’études que je n’ai jamais perdus de vue malgré les années. Nous nous appelons souvent et organisons au moins un week-end de retrouvailles par an, même si nous sommes de plus en plus nombreux avec les enfants. C’est une telle joie de les retrouver !
Par ailleurs, j’ai croisé plusieurs anciens dans la vie professionnelle et ai toujours adhéré au réseau des anciens.
Enfin grâce à Jean-Louis Bertrand, j’ai donné quelques cours (en finance) à l’Essca Angers et Bordeaux. Pouvoir transmettre un peu de ce que l’on a reçu c’est une grande joie et une vraie responsabilité !
Quel est ton message aux Alumni ?
Buvez du Respide ! 😊
Si le projet vous intéresse, nous avons développé la communauté des « Ambassadeurs de Respide », un réseau de proches qui connaissent nos vins, en parlent autour d’eux et reçoivent quelques belles bouteilles en retour !!
pechatin@respide.fr
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