News

Partager sur :

Au coeur de la crise : Stéphane Blanc (promo 1998), Directeur des Achats chez Picard Surgelés

06 avril 2020 Portrait de diplômés
Vue 2044 fois

Interview de Stéphane BLANC (promo 1998), Directeur des Achats chez Picard Surgelés.

Faisant partie de la chaîne agro-alimentaire, Picard Surgelés est en 1ère ligne dans cette crise sanitaire inédite traversée par le monde entier  Submergée pré-confinement, l'entreprise a su s'adapter pour faire face à la demande. Elle a pour cela mis à contribution tous les acteurs de sa chaîne de production. 

 

1ère question : Votre activité est elle impactée par l’épidémie actuelle et/ou le confinement ?

 Au niveau commercial

Evidemment notre activité est impactée, car toute la consommation alimentaire se reporte sur la consommation à domicile, tous les repas sont pris à la maison car il n’y a plus de cantines et plus de restaurants ! 3 périodes bien distinctes : la période de pré confinement, où l’on a vu l'activité augmenter durant les 3 semaines précédant le confinement, les 3 jours autour du confinement avec un effet « food panic » très fort, les magasins ont été dévalisé et enfin les 3 semaines post confinement qui ont montré un retour à une situation plus normale, avec néanmoins des grands changements du mix produit, c’est-à-dire des produits les plus vendus : viande, volaille, boulangerie et légumes sont les familles qui progressent le plus.

Notre site internet est évidemment sursaturé, nous avons presque doublé le CA de la livraison à domicile.

 

 

 Au niveau production

La production des produits Picard est faite à 70% en France, et les usines en France fonctionnent encore bien grâce à une mobilisation incroyable des opérateurs.

l’Italie a vécu une période très difficile mais la plupart des productions ont été maintenu. Les flux de transports sont aussi perturbés, le fret maritime notamment. Nous travaillons avec toutes les équipes sur la gestion de cette crise et cela passe par un travail sur : le stockage, l’anticipation des achats de matières premières, des emballages, la réorganisation du travail dans les usines…

La production peut être perturbée par l’absentéisme, certains partenaires ont décidé de fermer leur atelier  2 ou 3 semaines, la technologie du surgelé nous permettant de ne pas avoir de ruptures d’approvisionnement.

Au niveau RH

Oui bien sur, il y a de gros impacts sur les RH et tous les collaborateurs de l’entreprise. La distribution alimentaire est une activité essentielle, mais si notre objectif est de servir les clients du mieux que nous le pouvons, la priorité reste de protéger les collaborateurs, et en particulier les collaborateurs qui travaillent en magasin, c’est-à-dire la grande majorité chez Picard. Ils sont maintenant tous équipés de masques, de gants et de gels.

 

2ème question : quelles modifications de vos process habituels avez vous adoptées pour vous adapter à cette nouvelle situation ? 

Evidemment il a été mis en place un PCA (Plan de Continuité d’Activité) qui intègre notamment toutes les nouvelles contraintes de travail dues à la crise que nous vivons. Des notes sont régulièrement envoyées en magasin et nous faisons évoluer chaque jour nos procédures pour protéger la santé de nos collaborateurs.

 Au niveau commercial, assez peu de changement, l’offre est restée identique, les plan commerciaux n’ont pas vraiment évolué.

En revanche, le mix des achats à fortement évolué, les clients viennent moins souvent (fréquence), achètent plus (panier) et surtout les gammes de produits comme la viande, les légumes ou le poisson connaissent des croissances particulièrement fortes. Nous redimensionnons donc les capacités d’approvisionnement pour ces produits.

 

Pour la production, nos partenaires ont fait évoluer leur process de façon très rapide notamment pour protéger leurs collaborateurs. Par exemple  sur des productions très manuelles, il a fallu augmenter la distance entre les opérateurs et cela a entraîné une baisse de la production. La plupart des usines ont mis en place des systèmes de rotation pour que les équipes ne se croisent pas, protégeant ainsi les collaborateurs.

 

Mais distributeurs et producteurs, nous apprenons chaque jour de cette crise et cela nous oblige à nous adapter. A l’appel des syndicats agricoles, nous avons pris contact avec des producteurs pour surgeler les productions en péril qui avaient perdu leurs débouchés habituels (restauration, etc…), c’est ainsi que nous nous sommes engagés avec des producteurs de volailles de Bresse, des producteurs d’agneaux et que nous travaillons avec une organisation de pêcheurs bretons pour valoriser leur pêche.  

 

3ème question : Quels sont vos principaux motifs de crainte :

  • Pour l’immédiat

Il n’y a pas de risque de pénuries dans l’alimentaire, donc nous sommes confiants. 90% de notre énergie est dédiée à gérer la crise.

  • A moyen terme

Des tensions sur certains approvisionnements peuvent apparaître, comme les emballages par exemple, mais ce sera à la marge, la solidarité prévaut largement !

  • A long terme

Au sortir de la crise, il y aura un travail de fond à accomplir afin de créer des filières solides avec les producteurs français, même si nous avons déjà 70% de nos approvisionnements en France.

 

 

  4ème question : avez-vous déjà envisagé des pistes pour reprendre une activité normale le moment venu ?

Notre activité est considérée comme essentielle et prioritaire, nos équipes sont mobilisées de façon exceptionnelles, ils savent qu’ils remplissent une mission vitale pour la société…  

 

5ème : votre message d’espoir à la communauté alumni ?

Quand nous sortirons de cette crise (le plus vite possible !), nous devrons regarder un peu dans le rétroviseur pour préparer l’avenir… L’agriculture française sortira très forte de cette crise et le travail des agriculteurs sera enfin reconnu comme essentiel à la vie de notre pays !!! Et c’est une très belle nouvelle…




Aucun commentaire

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.