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Grand Prix - Frank Cadoret : l'inspirant parcours numérique et éclectique d'un « serial - transformer »
Sorti de l’ESSCA en 1980 à l’issue d’une majeure Finance Comptabilité, Frank Cadoret commence sa carrière en tant que contrôleur de gestion dans une société pharmaceutique... Propos recueillis par Patrick Bouillet
Il intègre en 1983 le groupe Thomson qui a été nationalisé dans le cadre des grandes nationalisations post 1981. Le groupe Thomson est un conglomérat intervenant tant pour le grand public que pour les entreprises ou l’armement.
Ses marques emblématiques pour le grand public ? Thermor, Brandt, Sauter, Scholtès pour le « blanc », Brandt, Thomson, Continental Edison, Pathé Marconi pour le « brun », Thomson CSF pour le militaire, etc..
Il est nommé adjoint administratif d’une société commerciale du groupe, la fonction commerciale étant filialisée par rapport aux structures de production. Premier coup du sort (mais dans le sens positif…), Alain Gomez , le patron décide de renouveler la pyramide des âges. Les départs en pré retraite des seniors + (+53 ans) sont massifs et Frank bénéfice alors d’un saut de génération, il remplace son patron à la Direction à l’âge de 27 ans !
Parallèlement aux fonctions de gestions, il s’investit tout particulièrement auprès de la force de vente et notamment la transformation des argumentaires et diverses aides à la vente.
Il y restera 2 ans avant de quitter l’électroménager et l’électronique grand public pour intégrer l’entreprise Chaffoteaux et Maury en tant que Directeur des Opérations. Nouveau coup de pouce du destin, le changement de Président le propulse peu après à la Direction Générale France.
Il y restera 4 années et c’est de son propre aveu, l’une des expériences les plus enthousiasmantes de sa carrière pourtant riche tant la dimension « industrielle » est un milieu dans lequel il se sent bien.
Passionné d’automobiles, il est séduit par une offre du Groupe Volkswagen qu’il intègre en tant que Directeur des Opérations de la filiale Française. La principale nouveauté pour lui est la découverte de la gestion d’un réseau de distribution. En revanche, il intègre bien vite que le degré d’autonomie en filiale est limité. Les modèles, options, tarifications et jusqu’aux promotions sont décidées depuis l’Allemagne. Il met néanmoins en place des politiques de rémunération des concessionnaires basées sur les marges arrières concédées en fin de période aux concessionnaires, ce qui permet de limiter les remises aux clients.
Au bout de 3 années et demi, il a un peu fait le tour de la question et recherche un nouveau challenge. Nous sommes en 1995. C’est le début de la téléphonie mobile et il perçoit tout le potentiel de ce nouveau marché, le marché de la fin du XX siècle !
SFR n’est qu’au tout début de son aventure et Frank Cadoret prend la Direction Générale de la société commerciale. C’est la première page blanche de ce nouveau livre à succès de sa carrière professionnelle qui durera près de 20 ans.
Sur les 8 premières années, la société passe de 200 m€ de CA à 12 Mds € !
Une des clés de ce succès, le développement dès 2001 d’un réseau de magasins SFR : de véritables « machines à vendre » à côté des réseaux de distribution traditionnelles comme Darty ou la Fnac.
Ces chiffres confirment son intuition initiale mais il reste néanmoins très surpris de la vitesse de l’évolution de ce marché qui va intégrer rapidement le lancement d’internet et du mobile.
Il s’investit tout particulièrement dans le lancement d’une licence 3G dès 2004.
Actionnaire principal de 9 telecom, SFR va être un acteur clé de la consolidation du marché de l’internet fixe, puis en tant qu’administrateur de 9 Telecom, Il est un acteur majeur du rachat de 9 Telecom et de son intégration chez SFR.
SFR va être pendant des années le plus gros opérateur alternatif en Europe et la cash machine de Vivendi.
Frank sera nommé Directeur Général exécutif du Groupe en 2010.
En 2014, les grandes manœuvres autour de l’introduction en Bourse de SFR commencent. S’en suit une guerre entre Patrick Drahi (Numéricable / Altice) et Bouygues, et finalement Patrick Drahi rachète SFR avant son introduction en bourse, permettant ainsi d’éviter l’incertitude d’une telle opération.
Ce rachat effectué, Frank Cadoret accompagne jusqu’au closing la société mais a du mal à se projeter dans le nouveau projet d’entreprise proposé et rejoint Vivendi - la maison mère de Canal+, de SFR et d’Universal Musique .
Il rejoint en 2016 le Groupe Canal+ pour lancer la transformation de cette société, menacée par de nouveaux entrants issus notamment des télécom auxquels s’ajoutent acteurs mondiaux, comme Netflix, Amazone ou Disney.
Mais cette mutation ne fut pas seulement « RH », (plusieurs restructurations ont du être menées), elle fut également technique par le passage réussi (mais indispensable) du « Broadcast » au « Digital », avec en particulier un très grand succès de la plateforme MY CANAL.
Féru d’histoire et d’économie, il supporte tout particulièrement sur la ligne éditoriale de CNews pour arriver à faire de « Face à l’Info… », le programme leader de la tranche 19/20 des chaînes d’info !
Ce talent de « sérial transformer », Frank le met désormais au service d’autres entreprises.
La soixantaine désormais sonnée, Frank souhaite « lever le pied » voire même prendre une retraite bien méritée.
Sa fin de carrière reste néanmoins très active puisque parallèlement à ses actuelles fonctions de DG de Canal + il est également administrateur exécutif de Télécom Italia (Italie / Brésil).
Il retrouve ainsi ses premières amours dans la téléphonie dont l’offre s’est cependant très élargie. Son seul souhait, Se détacher au maximum de l’opérationnel et transmettre son expérience au plus grand nombre. (Ndlr : un livre sur le sujet dans les prochains mois ou années ?)
Bien entendu, nous avons demandé à Frank Cadoret ce que l’ESSCA lui avait apporté. Il en a retenu trois points phares :
- Académique tout d’abord avec un solide bagage en Finance Comptabilité et Anglais qui lui a permis de trouver immédiatement « chaussure professionnelle » à son pied. Des « hards skills » qui l’accompagnent encore aujourd’hui
- Relationnel ensuite par les belles rencontres qu’il a pu faire durant ses études.
- Personnel enfin par le développement du leadership de l’étudiant qu’il était et le goût de l’entrepreneuriat.
Il nous confie qu’il a appris à apprendre et à se remettre en cause. Posture intellectuelle qui lui a permis de savoir prendre les bons virages aux bons moments et s’adapter rapidement à des environnements radicalement différents.
Il apprécie tout particulièrement cette maxime : « Savoir pourquoi on est descendu sur terre, et s’y référer sans cesse. »
Propos recueillis par Patrick Bouillet.
Retrouvez la remise de son grand prix sur notre chaîne Youtube : https://youtu.be/3gBbToJFJ-Q
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