Streetco est le premier GPS piéton collaboratif adapté aux PMR

L'application Streetco, lancée par Arthur Alba et Cyril Koslowski,  promo 2016,

est un GPS piéton collaboratif.

Bienvenu dans un Monde sans obstacle !

 Arthur nous présente son parcours et cette appli.

Propos recueillis par Delphine de Ghellinck

Peux tu nous dire pourquoi tu as choisi l'ESSCA ?

Je n’ai jamais été très scolaire, après le lycée j’avais besoin de choses plus concrètes et plus spécialisées d’où mon choix pour une école post-bac. J’ai toujours été intéressé par les notions business (échange, troc, négociations) et la gestion de projets, je me suis donc logiquement orienté vers une école de commerce. Lors du concours ACCES, j’ai choisi l’ESSCA plutôt que l’IESEG et l’ESDES car c’est là que j’avais eu le meilleur accueil lors de mes oraux.

 Peux tu nous parler de Streetco et pourquoi cette appli ? Quels besoins avez-vous identifiés ?

En 2015, alors en stage du M1 entrepreneuriat à l’ESSCA, j’ai été victime d’un accident qui m’a fait me déplacer en béquilles pendant plus d’un mois. C’était tellement compliqué de se déplacer (travaux, rues pavées…) que je ne suis quasiment pas sorti de chez moi ! Ce mois isolé m’a fait réfléchir, « je suis à mobilité réduite pour un mois mais comment font les personnes âgées ou en situation de handicap pour se déplacer ? »

Je profite de la rentrée en M2 pour pousser ma réflexion avec Cyril Koslowski autour de cette question. Nous nous rendons sur plusieurs salons (Salons Autonomics) pour y réaliser une étude de marché auprès de personnes handicapées et d’aidants. Très vite les résultats sont équivoques : toutes les personnes ont des problèmes pour se déplacer liés au manque d’accessibilité des villes Françaises. Certaines personnes en souffrent tellement qu’elles ne sortent plus de chez elles ou de leur quartier….Les personnes interrogées nous font remarquer qu’il existe des GPS pour les automobilistes, pour les cyclistes et même pour les randonneurs mais rien pour les personnes à mobilité réduite !

L’étude nous permet de préciser le besoin et notre projet : pouvoir sortir de chez soi sans rencontrer d’obstacles et avoir un GPS qui indique les rues à emprunter et les lieux accessibles autour de soi.

Avec Cyril nous ne le savions pas encore mais Streetco était né !

 Quelle est ta structure et quelles sont les grandes étapes de la création de votre appli ? Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Avant de faire "l’état des lieux", il est important de rappeler que notre projet a fortement pu accélérer grâce au Digiprize et au voyage à San Francisco durant lequel nous avons rencontré notre premier investisseur, Business Angel et maintenant ami Nicolas Bourdin qui continue de nous conseiller régulièrement. Plus de 3 ans après l’équipe s’est agrandie, nous sommes maintenant une équipe de 7 personnes à temps plein. L’application Streetco est disponible depuis fin 2017 et compte plus de 20 000 utilisateurs actifs, un chiffre qui devrait doubler en 2020.L’aventure s’est particulièrement accélérée en 2019 en commençant par le CES de Las Vegas puis le salon Vivatech pour la seconde année consécutive et pendant lequel nous avons été primés. Nous avons terminé l’année en beauté avec la mobilisation des salariés du groupe Sopra Steria partout en Europe et en rejoignant l’accélérateur de Oui.SNCF (Oui Link).

Tous ces éléments et notre bonne dynamique a d’ailleurs été confirmée très récemment par le magazine Challenges. Streetco fait en effet partie du top 100 des startups dans lesquelles investir en 2020 ! Une vitrine parfaite pour la levée de fonds que nous préparons pour 2021.

 Ton activité a-t-elle été impactée pendant la crise sanitaire ?

Oui complètement, pour nous c’est vraiment tombé au mauvais moment car le mois de mars marque le début de notre cycle commercial. C’est à partir du 1^er Mars que les missions handicap des entreprises cherchent des solutions à mettre en place pour Juin, Septembre (lors de la semaine européenne de la mobilité) ou Novembre (lors de la SEEPH - Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées).

Même si de nombreuses personnes sont intéressées, rien ne va se faire avant la reprise, au plus tôt Juin, au plus tard Septembre. Tout est donc décalé au niveau des contrats et donc de la trésorerie. Heureusement, nous avions de quoi voir venir et avons pu faire appel à différents dispositifs mis en place par le gouvernement et notamment BPI France.On est très contents d’être en France dans des moments comme ceux-là ;-)

Comment vois-tu la sortie de crise ?

Je suis plutôt optimiste, lors de moments comme ceux que l’on vit actuellement, on s’entraide et on se recentre sur les choses importantes.C’est une occasion de remettre en question le modèle actuel et de mettre en avant une économie et donc des startups plus responsables, plus sociales et plus "utiles". Je pense donc que les startups de l’ESS (dont Streetco) vont pouvoir bénéficier d’acteurs (grandes entreprises, investisseurs, médias) plus sensibles et plus à l’écoute. Concernant Streetco, nous espérons pouvoir progressivement redémarrer nos activités à partir de mi-Juin et particulièrement en Septembre.

 As-tu des craintes particulières par rapport à cette crise ?

Oui car une crise comme celle-là remet en question le modèle mais c’est aussi un "prétexte" pour certaines personnes pour ne rien faire. Pour les entreprises sociales, c’est le revers de la médaille de ce que j’ai expliqué à la question précédente. Les sujets de l’ESS peuvent ne pas être considérés comme prioritaires. Même si les mentalités évoluent, cela peut rendre la signature de contrats et les levées de fonds plus compliquées.

Ton message d’espoir à la communauté alumni

Comme je le disais, je suis quelqu’un d’optimiste et je suis optimiste sur la capacité de l’homme à trouver des solutions innovantes pour résoudre les défis d’aujourd’hui. Il ne se passe pas un jour sans que je découvre une startup avec un produit génial pour répondre aux enjeux de la société, sur le handicap, l’écologie, l’égalité homme femme…Enfin, je suis optimiste par rapport à notre génération et aux futures générations que je sens beaucoup plus sensibles à ces sujets. La grande majorité d’entrepreneurs sociaux que je rencontre ont mon âge ou sont plus jeunes ! De bon augure pour la suite.

Quels sont tes liens avec l’ESSCA et le réseau ESSCA ALUMNI ?

J’ai encore des liens très forts avec l’ESSCA et le réseau ESSCA ALUMNI. Nos bureaux sont à l’incubateur de l’ESSCA, INCUBESSCA. C’est d’ailleurs par l’intermédiaire de l’incubateur que nous avons pu candidater à la sélection top 100 Challenges. Cyril et moi donnons également des cours d’initiation à l’entrepreneuriat tous les ans aux élèves de seconde année. Concernant le réseau, je suis en contact avec de nombreux anciens, dont certains qui nous ont aidé dans le cadre de Streetco. Nous étions également avec Cyril nominés parmi les jeunes talents des ESSCA Awards 2019. Nous n’avons malheureusement pas gagné mais quand même très fiers d’avoir été selectionnés !