Mercuriale : Ou quand Hermès dîne avec Dionysos
Le Gala de la Mercuriale de 1957 dans la presse locale
Jusqu’alors, les étudiants de l’École organisaient des soirées dansantes plutôt dans le style « surprise-party », pour reprendre le langage en vogue de ces années cinquante.
En 1954 se déroule pour la première fois un événement qui allait faire date. Avec l’accord tacite de la Direction de l’époque, quelques étudiants décident de monter une « soirée prestige » sous les auspices des officiels angevins, Préfet et Maire d’Angers en tête.
Sous les dorures des salons chics du « Welcome » se pressent alors tout ce que la ville compte de notabilités. Les entrées se font sur invitation et le prix en est relativement élevé. Arbitres des élégances, les danseurs en habits, en smokings ou en uniformes y côtoient les plus belles toilettes du soir. Tout autour des trois salles qu’animent deux orchestres, ont été disposées des vitrines. Tous les emplacements ont été alloués à des commerces de luxe de la ville, le bénéfice de cette manifestation revenant exclusivement à des associations d’aide à l’enfance.
Cette brillante initiative est un coup de maître. Dès l’année suivante, fin janvier 1955, le « Bal de l’ESSCA » s’est imposé dans le paysage local. Il est devenu l’un des événements mondains les plus attendus de la saison angevine.
Plus de 50 années ont vu la manifestation évoluer, se délocalisant ou se relocalisant au gré des circonstances et du nombre de participants.
Les « Mercu » sont devenues au fil des années des fêtes « plus intimes » réunissant tout de même plusieurs centaines de personnes, mais internes à l’Écoles.
Désormais chaque fin d’année est l’occasion d’une formidable soirée de gala où anciens et étudiants célèbrent de concert le départ des futurs diplômés. Une des nombreuses associations de l’Etablissement se charge avec brio de l’organisation de ce moment très privilégié : l’Association Mercure.
Comparaison n’est certes pas raison mais certaines analogies entre nos Mercuriales et les manifestation solsticiales de l’antiquité païenne apparaissent assez frappantes, encore que ce constat puisse se révéler bien téméraire au sein d’une école aux racines chrétiennes si ancrées.
Rappelons pour mémoire que les « Saturnalia » marquaient le solstice d’hiver chez les Romains. La postérité en a retenu le caractère festif, mais également l’absence sinon le renversement des hiérarchies et des barrières sociales, les maîtres allant jusqu’à coiffer le bonnet des esclaves cependant que ces derniers se voyaient investis du pouvoir de les commander, ou pour le moins participaient aux festins sur un pied d’égalité en leur compagnie.
Nos fêtes en ont gardé quelques traits remarquables. Ainsi est-il désormais de tradition de s’assurer ce soir-là de la participation sur scène, sinon de la direction, du moins des professeurs à travers de véritables numéros, allant du music- hall au plus pur happening. De la sorte nos étudiants auront-ils vu défiler, au cours des années, leurs enseignants dans les rôles les plus inattendus. Et ces spectateurs d’un soir s’en souviennent probablement encore avec émotion très longtemps après.
Pardon à tous ceux que nous aurons oublié. Citons tout de même et dans le désordre des promotions, Guy PILLARD, ingénieur conseil dans un one man show à la Fernand RAYNAUD, Marc ROSENBERG délaissant l’économétrie pour la posture du guitare-héros, Philippe MARCHAND professeur de droit, dirigeant en frac et perruque et par deux fois, un véritable orchestre de chambre, mais également Jacques de LATROLLIERE, Directeur des Études en danseur espagnol à castagnettes et même le Directeur Général lui-même, Dominique WAQUET n’hésitant pas à donner la réplique dans un pastiche de l’oral du concours...
Nous laisserons à Alix MALARTIC (promo 1982) le soin de conclure : « On peut être une vraie école sérieuse préparant de bons managers et n’en pas moins ne pas se prendre au sérieux. »
En 2008, la 57ème Mercuriale invitait les étudiants à bord de l'Orient-Express