Paul Baugas, le père fondateur
Dans son ouvrage, notre auteur développait, il faut le noter, la méthode comparatiste, très novatrice sur le sujet, en consacrant de très utiles considérations aux différentes législations des principaux peuples, quant à la question.
« Paul BAUGAS fut un professeur né : il aimait ses étudiants et il se faisait aimer d’eux parce qu’ils sentaient toujours en éveil sa sollicitude et son dévouement. » (Marcel de la BIGNE de VILLENEUVE)
Ayant acquis son titre le 21 décembre 1888, il rentrait à Cholet avec l’intention déclarée d’y entamer une carrière de notaire. Mais fin 1890, la mort de Ferdinand HERVE-BAZIN, professeur d’économie politique à la Faculté Libre de Droit d’Angers en décidait autrement. Résolu à postuler, il allait plaider directement sa cause auprès de Mgr FREPPEL, favorablement disposé en sa faveur par la grâce de sa thèse, et obtenait sur le champ, la chaire qu’il conserva près de cinquante années durant jusqu’en 1938.
Marcel de la BIGNE de VILLENEUVE qui le connaissait intimement et prononça son éloge funèbre en 1949 résume le personnage qu’il était avec émotion : « Paul BAUGAS fut un professeur-né : érudit et consciencieux, à la fois concis et clair, il savait se mettre à la portée de son auditoire et l’élever progressivement vers lui. Son secret était bien simple : il aimait ses étudiants et il se faisait aimer d’eux parce qu’ils sentaient toujours en éveil sa sollicitude et son dévouement. »
Ces principes élémentaires continuèrent bien évidemment à guider son action lorsqu’il devint Directeur de l’École Supérieure de Commerce et d’Industrie d’Angers, le 1er novembre 1909. Il devait rester à la barre 32 ans, jusqu’au 1er novembre 1941, tout en assurant la charge d’un certain nombre d’enseignements. Ainsi, « l’économie politique » et « l’économie sociale », auxquels devaient s’ajouter plus tard « la législation industrielle », « la législation douanière » et le cours intitulé « crédit, monnaies et change. »
Jacques PARDIEU (promotion 1928/1930), 96 ans, doyen des anciens se souvient : « C’était un homme de bien : il se dégageait de sa personne une autorité naturelle dont tous les étudiants savaient qu’elle était mise au service d’une particulière bienveillance à leur égard. Et chacun avait à cœur de répondre positivement à tant de rectitude et d’équanimité. »
Toujours en ce sens, et pour résumer l’extraordinaire empathie qui régissait alors les relations entre les élèves et le corps professoral, l’un des enseignants en droit de la Faculté expliquait au milieu des années 20, que « l’une des particularités communes aux Facultés libres d’Angers était qu’il y avait entre professeurs et étudiants des relations d’amitié qu’on ne pouvait rencontrer dans de très grandes universités, excepté à... Oxford ! » Ces propos ne faisaient que corroborer le diagnostic de René BAZIN, professeur à la « Catho » qui estimait que « rien n’égalait le climat d’amitié qui régnait alors entre les directeurs, les professeurs et les élèves ! »
De la BIGNE de VILLENEUVE souligne à cet égard « les rapports étroits que le Directeur avait noués avec nombre d’étudiants auprès desquels il jouait le rôle de conseiller amical », précisant qu’ « il entretenait également avec les anciens (...) une considérable correspondance. »
Jacques NEVEU, son successeur à la tête de l’École a d’ailleurs composé à son endroit cette formule définitive en forme d’épitaphe : « de son École, il avait su faire le prolongement de sa famille. »
Ses dernières années furent hélas particulièrement assombries par l’occupation allemande et le spectacle de désolation qu’occasionna cette sombre période durant laquelle « les Français ne s’aimaient pas. » « Il fut d’autant plus sensible à ces catastrophes qui frappaient la nation, qu’en bon analyste, il les avait prévues sans pouvoir hélas les empêcher en rien, et qu’il devait les subir à l’heure du crépuscule et du déclin de ses forces... » concluait avec tristesse son panégyriste.
Paul BAUGAS, Directeur honoraire de l’École s’est éteint le 10 août 1948.
Toute sa vie durant, il était resté fidèle aux valeurs qu’il défendait et surtout il était parvenu à les transmettre.
En son honneur et en sa mémoire, il est décidé de baptiser le nouveau bâtiment angevin, inauguré le 3 octobre 2009, du nom du fondateur de l’École, Paul BAUGAS.