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Expatriation en Basse Saxe : Rencontre avec Blandine Kötter (FC 2015)
Nous avons échangé avec Blandine Kötter (FC 2015), expatriée en Allemagne
qui nous partage son expérience internationale et son regard sur la France !
Découvrez ce portrait qui illustre une nouvelle fois la diversité et la créativité des ESSCA !
Ce matin, réunion de crise au Jobcenter d'Osnabrück en Basse Saxe, ville du Nord de l'Allemagne située sur la ligne Amsterdam - Hanovre. L'ambiance est décontractée même si la hausse constante des demandes d'allocation nous inquiète.
Le Jobcenter, c'est la branche "minima sociaux" du Pôle Emploi allemand (en jargon juridique, le périmètre législatif du 2ème Sozialgesetzbuch, connu sous l'appellation "SGB II" ). J'y suis responsable du département "Arbeitsmarkt und Integration" (placement) depuis fin 2018.
Je dirige une centaine de personnes qui accompagnent nos allocataires vers l'emploi. Ils représentent environ 10% de la population de la ville. C'est un job passionnant, technique puisque les différentes instances fédérales et locales nous "inondent" de nouvelles procédures et où les relations humaines jouent un rôle central. Notre produit est notre expertise conseil et en tant que "Bereichsleiterin", je dois assurer sa bonne délivrance, exercice de haute voltige. Le matching "demande-offre" est une alchimie aussi complexe que la rencontre amoureuse, une boutade que j'adresse souvent à nos nombreux détracteurs.
Pour arriver à ce poste, j'ai suivi le "Trainee Programm" (training on the job de deux années) des cadres supérieurs de la Bundesagentur für Arbeit, agence pour l'emploi "modèle" en Europe avec 100 000 collaborateurs. A titre de comparaison, ils sont 50 000 en France.
C'était mon objectif quand nous avons décidé de repartir outre-Rhin, pays d'origine de mon conjoint. L'Essca m'a offert le sésame, me délivrant son diplôme de Grande Ecole en 2015 qui m'a permis de passer avec succès la sélection.
"Je suis la première Française lauréate à ce cursus au niveau fédéral"
L'Allemagne, c'est un sujet qui m'accompagne depuis bientôt 30 ans. Après un DESS (Master) en "Gestion des organisations françaises en Allemagne" de l'IAE de Metz, j'ai rejoint Arcelor Mittal (Usinor Sacilor) à Stuttgart en 1994 comme attachée commerciale, puis la Direction de la communication de Siemens France à Paris.
A la naissance de mes trois garçons, ma famille a quitté Paris pour revenir en Pays de la Loire, ma région d'origine. Le hasard m'a alors conduite à passer le concours de l'Anpe (Pôle Emploi) et j'y ai occupé successivement les postes de conseillère, Responsable de production de services auprès des entreprises, Experte à l'international (EURES et Coopération avec les pays en voie de développement).
J'ai eu l'opportunité de voyager en Europe et d'effectuer une mission de conseil auprès de la DG d'un Pôle Emploi en Afrique.
En France, Pôle Emploi joue clairement le rôle d'amortisseur social, comme on le voit dans la crise actuelle. En Allemagne, les agences sont très bien dotées financièrement (je gère un budget annuel de mesures pour l'emploi à huit chiffres) et sont là pour remettre activement tout le monde au travail, y compris les allocataires de minima sociaux (RSA), pénurie de main d'oeuvre oblige. Enfin, c'était avant le Covid 19...
"Quel marché du travail nous attend dans les mois qui viennent?"
Aucun des collègues du Jobcenter ne saurait le dire. Nous serons probablement moins impactés au départ que les collègues voisins de l'assurance chômage ("SGB III" ) si, après le tsunami de chômage partiel, les entreprises mettent la clé sous la porte.
Ce matin dans la cantine improvisée en salle de réunion, nous avons imaginé les suites possibles. Les Allemands abhorrent le risque, ils anticipent et sécurisent tout. Le Covid 19 nous rend la tâche compliquée. Moi, je reste française et prépare la réouverture de mon département au public avec flexibilité.
Je ne regrette pas ma décision d'expatriation. Un parcours professionel réussi, ce n est pas aussi simple que le présentent souvent les magazines. C'est un ensemble de petites ou de grandes décisions qui, à long terme comme un puzzle, forment une carrière et surtout, c'est beaucoup d'engagement. Dans le privé comme dans le secteur public. Je l'ai appris à l'Essca en menant de front études, travail et famille.
Pour l'avenir, Bruxelles me tenterait à la Commission Européenne qui définit les orientations budgétaires majeures en matière de politique de l'emploi. Je n'ai pas de calendrier en tête. Mes adolescents de garçons sont pour l'instant en phase d'orientation. Ma place est auprès d'eux !
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