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Focus sur le transport routier en 1ère ligne sur le front de la crise sanitaire !
Les Transports GILLOIS sont une PME mayennaise de transports routiers, active sur tout la France et en Belgique. Ils disposent de 12000 m² d’entrepôts logistiques rackés pour le stockage de palettes pour une partie, équipés pour le stockage de céréales en vrac pour l’autre partie.
87 salariés pour 57 ensembles routiers permettent de développer un chiffre d’affaires annuel de 11 M€. Plus largement, l’entreprise est membre fondateur du réseau Astre (1992) qui compte 380 implantations en Europe.
Les transports GILLOIS ont été fondés en 1962 par Jean-Louis Gillois. Diplômée de l’ESSCA en 1993, Estelle GILLOIS a pris la direction de l’entreprise en 1998, diplôme d’expert comptable en poche.
Votre activité est elle impactée par l’épidémie actuelle et/ou le confinement ?
- Au niveau de l’activité
La 2ème quinzaine de mars fut très paradoxale : la folie sur les volumes pour l’épicerie alimentaire. En parallèle la majorité des autres secteurs ont fermé leurs portes brutalement, précipitant des conducteurs devant des portails fermés et laissant des semi-remorques chargées.
Nous vivons depuis sur l’agro-alimentaire avec 75 % de la flotte en activité. Ces livraisons sont fondamentales car la grande distribution fournit les volumes qui passent habituellement en Restauration Hors Foyer.
Nous éprouvons des difficultés pour compléter nos camions, les recharger. Le travail sur les km à vide et le taux de remplissage des véhicules est fondamental mais extrêmement compliqué en cette période de crise.
Nous avons négocié ponctuellement l’aide financière de nos clients pour pallier aux surcoûts en l’absence de solution complémentaire.
- Au niveau RH
Les congés payés et repos récupérateurs ont été apurés en premier. Une attention particulière a été portée aux conjoints des personnels soignants, notamment pour la garde des enfants. Le chômage partiel est utilisé surtout pour les conducteurs en formation pour lesquels nous ne savons pas à ce jour quand ils pourront reprendre. Nous avons fait tourner les inactivités au niveau des conducteurs. Tous les administratifs ont été maintenus en activité, quelques uns seulement en télétravail.
Les équipes sont très solidaires, présentes à leurs postes, courageuses car les conditions de travail sont rudes : les restaurants et aires de repos sont fermés – ils rencontrent des difficultés pour manger chaud, aller aux toilettes et prendre des douches ! A la fin du confinement, la situation ne va pas s’améliorer. Je fais un appel à tous les anciens ESSCA pour qu’ils s’intéressent à l’accueil des conducteurs routiers dans leurs entreprises. Merci pour eux.
Quelles modifications de vos process habituels avez vous adoptées pour vous adapter à cette nouvelle situation ?
Pour palier ces difficultés, la solidarité au sein du groupement ASTRE, mais aussi dans l’ensemble de la profession, permet d’accueillir les conducteurs en galère.
Les EPI de rigueur (masques, gants, gels), ont été fournis à nos conducteurs dès la 1ère semaine de confinement. Nous allons partout et les salles d’attente n’ont pas été organisées immédiatement donc les risques sont importants.
Les accès à nos bureaux et entrepôts ont été spécialisés. Un procès de désinfection de tous les lieux de passage et matériels communs est appliqué 3 fois par jour.
Quelles sont principaux motifs de crainte ?
- Pour l’immédiat
Le risque de contamination va perdurer car le brassage interrégional est très important dans notre profession, mais il faut que la France se remette au travail. Les autres pays ont déjà repris leur activité, mes confrères spécialisés en transport international sont catégoriques à ce sujet. La France est en retard.
- A moyen terme
Avec la réduction de l’activité, le parc routier sera surdimensionné, impliquant dans un premier temps une baisse des prix, qui couplée à un taux de remplissage en baisse, va précipiter la disparition de nombreux acteurs, notre secteur présentant depuis toujours de très faibles marges.
Les trésoreries, des entreprises de transports, comme de leurs clients, sont mises à mal par la crise et le confinement. Lorsque l’heure du remboursement des PGE arrivera, une seconde vague de disparition surviendra.
- A long terme
Nos craintes pourraient-elles enfin se transformer en opportunités, nourries par l’espoir de relocalisations en France ? Il faudrait qu’enfin l’administration française desserre l’étau des normes en tous genres qui tuent notre pays et découragent ses forces vives.
Avez-vous déjà envisagé des pistes pour reprendre une activité normale le moment venu ?
Nous sommes prêts car nous n’avons jamais arrêté notre exploitation. Nous avons profité de la sous-activité pour investir dans l’avenir, pour effectuer un paramétrage avancé du système informatique pour avoir une gestion encore plus affinée. Des conducteurs sans travail ont été utilisés pour entretenir matériel roulant et bâtiments. En temps de crise, il faut investir pour être plus performant.
Nous réintégrons progressivement ces salariés dans leurs fonctions initiales, les salariés en repos reprennent le travail au fur et à mesure du retour des clients en activité. Pour le bâtiment et l’industrie, le processus est déjà entamé.
Votre message d’espoir à la communauté alumni ?
Le métier de conducteur routier était en tension avant la crise, et en particulier dans notre département de la Mayenne qui était en plein emploi et peinait à attirer des talents. La pénurie de main d’œuvre devrait se tasser et nous allons enfin pouvoir recruter qualitativement.
Au-delà des secteurs les plus touchés qui vont souffrir comme le tourisme, la restauration ou l’aéronautique, il ne faut pas céder au pessimisme ambiant car le risque de récession serait accru. Les français ont des bas de laine bien garnis, et n’ont pas tous souffert financièrement du confinement, la consommation devrait tenir mais différemment.
Des opportunités de réorganisation, de nouveaux métiers, de nouveaux modes de vie vont effectivement nous bousculer, mais il faut s’en emparer !
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