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Une entreprise de confection textile de luxe se reconvertit...

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Manon Cornué, tout récemment diplômée en 2019, vient de reprendre en février 2020, une entreprise choletaise qui était en liquidation judiciaire.

La Manufacture de Clisson, nouvelle dénomination de cette structure, travaille pour les marques de vêtement de luxe. C’est un façonnier majoritairement « floutier », c'est à dire qui maitrise un savoir-faire centré sur les tissus flous, fins, non-rigides.

Mais l'arrivée de la pandémie de COVID-19 change la donne, cet atelier se mobilise actuellement pour la production de masques de protection. 

La ville de Clisson a commandé plus de 7000 masques pour ses habitants !

Témoignage recueilli par Delphine de Ghellinck

 

Manon, tu es toute jeune diplômée (2019), peux tu nous dire pourquoi tu as intégré l’ESSCA ? 

Si j’ai décidé d’intégrer une école de commerce, c'est dans le but d’avoir un parcours aussi polyvalent que possible. Issue d’un BAC S spécialité Informatique et Science du Numérique avec option Art, j’ai toujours eu pour projet de construire quelque chose de A à Z autour d’une de mes passions.

C’est pourquoi le parcours proposé par l’ESSCA au niveau entrepreneuriat est ce qui m’a attiré dans un premier temps, mais c’est le consulting qui m'a finalement le plus attiré avec son aspect à la fois technique et pratique, notamment sur la gestion de projets.

Le réel plus de ma scolarité a été de choisir lors de mon semestre à l’étranger l’option stage, qui m’a permis d’obtenir des contacts professionnels ainsi qu’une expérience supplémentaire décisive pour obtenir mon stage de 4ème et 5ème année. Stages qui par la suite, m’ont conduite de fil en aiguille à l’opportunité de créer mon projet.

Peux tu nous expliquer comment tu en es arrivée à reprendre l'activité d'un atelier de confection à peine sortie de l'ESSCA ?

Si le made in France est dans l’air du temps, c’est un enjeu encore plus important pour les marques de luxe. Outre le fait de préserver un savoir-faire, c’est aussi une question de consolidation de l’image de marque à travers une responsabilisation sociétale et environnementale.

Et en prenant connaissance de l’existence d’un atelier en liquidation judiciaire, je me suis dit que c’était une opportunité à saisir… Pendant 6 mois de procédure, j’ai travaillé de concert avec un cabinet d’experts comptable, avocats et un conseiller financier dans l’objectif de rendre ce projet viable, d’avoir le soutien des banques, et de proposer une offre cohérente à la barre du tribunal de commerce de Nantes. Efforts qui ont été payants puisque depuis vendredi 14 février 2020, j’ai pu démarrer l’activité de reprise de cet atelier.

Et un mois après le démarrage, la crise sanitaire …Ton activité en a t'elle été impactée ?

Effectivement, nous voilà arrivés au 17 mars, le confinement national est annoncé suite à la crise internationale et les dangers qu’elle représente pour tout un chacun. L’atelier est donc naturellement mis à l’arrêt. Même si les commandes sont maintenues et que nous avons de quoi travailler, beaucoup trop de paramètres inconnus empêchaient la reprise de l’activité. 

De l’autre côté, en parcourant les textes publiés par le gouvernement et en appelant des collègues travaillant dans le secteur juridique, nous nous rendons compte que l’obtention du chômage partiel n’est pas évidente dans le cas où l’activité ne semble pas impactée.

Il a fallu donc mettre en place de toute urgence des protocoles de sécurité, commander thermomètres, gel hydroalcoolique, etc… Le tout devant être validé par l’inspection du travail afin de reprendre l’activité sereinement.

Retour à l’activité oui, mais activité historique, non. 

Entre temps la donne avait changé, les clients stoppaient leur production et d’un autre côté émergeait un nouveau marché pour lequel on nous sollicitait déjà : la fabrication de masques barrières. Les mairies, le tissu économique local, les particuliers, les grands groupes, autant de typologies de clients auxquelles nous avons dû répondre et apporter des solutions.

Aujourd'hui, la répartition de la production fait que 80% de notre capacité est allouée aux masques.

As-tu eu des craintes particulières avec cette reprise d'activité ?

La plus grosse problématique a été de trouver de la matière première, de lancer les tests en laboratoire, et de recruter ! Depuis lundi 27 avril nous avons intégré 9 personnes supplémentaires et continuons notre recherche. 

Que ressort tu de positif de cette période ?

Pour résumer, cette crise a été pour l’atelier un réel bouleversement. Nous avons dû tout réorganiser, créer de nouveaux process, former des équipes en accéléré... Mais de l’autre côté, ce qui est ressorti des équipes est une motivation et une solidarité incroyable, inscrivant un chapitre de cohésion symbolique pour cette entreprise qui existe depuis 90 ans.

 
 
 
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