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Plus que jamais l'entraide d' AlloVoisins

15 avril 2020 Portrait de diplômés
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AlloVoisins a été créé par Edouard DUMORTIER (promo 2000)

Propos recueilli par Delphine de Ghellinck

 

Edouard, peux-tu nous présenter ALLOVOISINS ?

Je me suis lancé dans l’aventure entrepreneuriale en 2012 et AlloVoisins a vu le jour en 2013. Nous sommes la plateforme leader en France de location d’objets et de service à la personne entre habitants. Notre approche est basée sur la demande : on poste une annonce de ce dont on a besoin, les voisins susceptibles d’y répondre sont alertés en temps réels et n’ont plus qu’à se proposer. C’est ultra généraliste, nous faisons aussi bien du soutien scolaire, du jardinage, du bricolage, de la garde d’enfant, de l’entretien automobile, du ménage, du repassage…

AlloVoisins aujourdhui, c’est 3.5 millions de membres en France avec un rythme de croisière d’un nouvel inscrit toutes les 30 secondes !!

 Dans une société en profonde mutation, je suis convaincu qu’on peut continuer à consommer, à se faire plaisir, sans se ruiner.  Notre philosophie, c’est de dire : ne changez ce que vous consommez, mais la façon dont vous consommez. Nous prônons une consommation plus durable, basée sur la mutualisation des ressources et des compétences. Et l’économie collaborative n’est pas un effet de mode, elle se développe dans tous les pans de l’économie et de la société.

 

Est arrivée cette crise du coronavirus de manière subite et subie, comment t’es-tu adapté au niveau d’AlloVoisins ?

 

Nous avons immédiatement mis en place une 1ère opération.

Tout d’abord, toutes les commissions sur les transactions payées en ligne et les frais bancaires ont été supprimés, afin de fluidifier au maximum l’entraide entre les habitants.

Puis, 2e étape, nous avons déployé une opération de solidarité et d’entraide en lançant un appel massif auprès des personnels soignants, des forces de l’ordre, de ceux qui travaillent encore ou encore des personnes isolées. Autant de personnes qui ont des problématiques quotidiennes de gardes d’enfants, de soutien scolaire, de livraison de courses, de médicaments, de promenade de chien…

Nous leur avons proposé de publier leurs besoins sur AlloVoisins en mode non rémunéré et en parallèle nous avons appelé notre communauté à répondre à ces besoins également en mode non rémunéré.

Notre modèle prend tout son sens aujourd’ hui à travers la crise que l’on vit et c’est très gratifiant pour notre équipe de se dire qu’on a la possibilité, à notre petite échelle, de participer à la lutte.

Cette opération a eu aussi le bénéfice de nous ouvrir un grand nombre de partenariats avec de grandes marques françaises, mais également de nous faire bénéficier d’une large couverture médiatique.

Nous sommes donc dans une situation paradoxale, puisque l’élan de solidarité orchestré nous place dans une dynamique très positive et en même temps, sur le plan purement économique, c’est évidemment compliqué. 

Notre activité traditionnelle, qui est de mettre les gens en relation au quotidien à travers des échanges marchands, est très impactée, puisque tout le monde est confiné.

Nous sommes donc face à une équation complexe, mais nous faisons tout pour incarner les valeurs de solidarité et d’entraide, qui font partie de l’ADN d’AlloVoisins.

 

As-tu été contraint de mettre des salariés en chômage partiel ?

 

Oui bien sûr, car aujourd’hui, notre activité 1ère est très fortement impactée et, par ricochet, nos revenus le sont tout autant. Pour un entrepreneur, c’est un exercice douloureux, mais nous n’avons pas le choix.

Pour une startup comme AlloVoisins, mais comme pour toutes les entreprises, la trésorerie, c’est la ligne de vie, donc avec une baisse conséquente des revenus, il faut absolument diminuer les charges qui passent, entre autres, par les mesures de chômage partiel.

C’est aussi le moment de faire la chasse aux coûts superflus.

 

Quelle sont tes principales craintes ?

 

A mon avis, cette crise totalement inédite aura des impacts absolument colossaux.

Je crains que cela dure sur le plan sanitaire, notamment dans certains pays d’Amérique du sud, d’Afrique, en Inde… où le confinement est difficile, voire impossible, à mettre en place.

Par conséquent, il est probable que, quoi qu’on fasse, le virus continue à se propager.

Dans ce contexte, les frontières ne sont pas prête d’être rouvertes et nous risquons de basculer, au moins pour quelques temps, d’une économie globalisée à une économie beaucoup plus localisée.

Cela aura un impact très fort sur tous les modèles qui dépendent de manière directe ou indirecte de la mondialisation. Je pense notamment aux transports aériens, à l’industrie du tourisme, qui vont forcément souffrir. Cela aura évidemment des impacts sur le plan géopolitique également.

Sans parler de l’endettement des états, qui mettent l’économie et la société sous perfusion. A un moment donné il faudra régler la facture !

 

Quel est ton message d’espoir ?

 

Si cette crise ne nous sert pas à nous remettre profondément en question, qu’on recommence exactement comme avant quand tout ça sera derrière nous, c’est qu’on aura souffert pour rien et c’est à mon sens ce qu’on pourrait faire de pire.

Par exemple, on se rend compte aujourd’hui que la globalisation de l’économie a, quelque part, atteint ses limites.

La problématique du manque de masques en est le symbole. Peut-on vraiment continuer à dépendre de pays tiers pour l’ensemble de nos besoins ?

Ne doit-on pas ré-internaliser une partie de notre appareil de production, ce qui impliquera une hausse des prix pour le consommateur, mais également des créations d’emploi, une relance de la R&D en France…

Ce qui se passe actuellement permet aussi de rééquilibrer les choses : à travers l’engagement sans faille des personnels soignants, des forces de l’ordre et de tous ceux qui continuent à faire tourner le pays, on prend conscience que le collectif est pleinement au service de l’individu.

Mais l’individu se met aussi au service du collectif !

Rien qu’en jouant le jeu du confinement pour protéger les autres, par exemple. On le voit aussi sur AlloVoisins : on regorge d’anecdotes de gens qui donnent de leur temps sans compter.

Je pense notamment à l’un de nos Voisins, qui cuisine toute la journée et qui livre des repas, avec sa maman, aux soignants de la Pitié Salpêtrière. 

Nous allons également lancer une grande opération pour inviter tous les retraités, qui sont confinés chez eux et en bonne santé, à donner des cours de soutien scolaire de cuisine, de bricolage, de couture ou tout simplement à lire des histoires aux enfants de France, par visioconférence.

A travers toutes ces belles histoires, on assiste tout simplement au retour en force des valeurs de solidarité, d’entraide et de proximité. Ce confinement, c’est également le retour aux valeurs de la famille, au vivre ensemble.

Cette crise est un cataclysme à l’échelle planétaire, mais nous pouvons en sortir grandis, à condition que nous soyons courageux et que nous nous donnions les moyens d’en tirer les leçons !

 
 
 
 
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