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Reprise ou création : les parcours croisés de 2 entrepreneuses pas comme les autres

26 juin 2018 Portrait de diplômés
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2 voies se présentent à l’entrepreneur. Doit-il racheter une entreprise ou est-il préférable de la créer ex-nihilo ? Et bien… c’est un peu comme le temps de refroidissement du fût du canon : ça dépend !

Pour tenter d’éclairer notre lanterne, nous allons découvrir le parcours singulier de 2 entrepreneuses parisiennes ayant suivi chacune l’une de ces voies.

Eléonore Patry,  Promo 1999 

Ayant commencé sa carrière dans le marketing et le web, elle a récemment occupé des fonctions de directrice commerciale et Directrice Web avant d’avoir plusieurs expériences dans le management de transition. Mais issue d’une famille d’entrepreneur, mariée à un entrepreneur, elle cherchait à reprendre « SA PROPRE BOITE ».

Cependant, devenir son propre patron, oui, mais pas à n’importe quel prix.

Tout d’abord, Eléonore, mariée mère de trois jeunes enfants souhaitait trouver une cible qui lui permettent de conjuguer au mieux vie privée et vie professionnelle. Géographiquement, il fallait que l’activité soit située (ou au moins facilement re-localisable) à Paris ou en proche banlieue Ouest pour limiter les temps de trajet.

Sur la typologie d’entreprise ensuite, les critères étaient très précis. Il fallait que l’activité génère 50% de marge brute, ne nécessite pas un BFR important, qu’elle soit à taille humaine et donc facile à faire bouger, disposant d’un CA initial raisonnable (500 K€) mais d’un plan de développement évident pour grossir rapidement après l’achat, le tout bien évidemment sur un marché porteur.

Une fois, ces critères arrêtés, Eléonore a commencé ses longues recherches tous azimuts en s’appuyant notamment sur la CCI de Paris.

Le problème du rachat sur ce segment de taille, c’est que le marché est très réduit. Beaucoup de cibles dans la communication, des entreprises au bord ou en dépôt de bilan, et/ou dont la marque et l’image commerciale repose sur l’intuitu personae de son dirigeant… Bref, plus de canards boiteux que de cygnes vertueux.

A cela vient s’ajouter la concurrence d’autres repreneurs. Ainsi, ce sont plusieurs dizaines de dossiers qui ont été examinés durant les 4 années de la recherche. 5 ont fait l’objet d’une analyse plus approfondie pour trouver « LA PERLE RARE ».

Elle s’est matérialisée en juillet 2017 par le rachat d’une entreprise de production et de distribution de bougies parfumées haut de gamme agissant principalement sur le marché BtoB et notamment l’hôtellerie.

Le vendeur ayant développé en parallèle une activité « bougie » en BtoC et celle-ci voyant un très fort développement, il ne pouvait plus se disperser et a préféré vendre son entreprise originelle à une personne pouvant s’y consacrer à 100%.

Les centres de production sont en Espagne et dans le Nord de la France. Le marché est concentré sur les professionnels de l’équipement CHR et les détaillants d’articles d’aménagement et décoration de la maison mais s’ouvre désormais au grand public pour des « micro séries » dédiées aux événements familiaux (mariages, communions, barmitsva, anniversaires, etc.) grâce à un site de e-commerce récemment mis en ligne.

D’après Eléonore, le financement n’a pas été un frein. Les taux sont très faibles en ce moment et les banques cherchent des projets sérieux. Vendeur ou banquier, ici encore, les clichés ont la vie dure et le fait d’être une femme n’est pas un « plus ».

Ce qui l’a fait choisir cette activité :

  • Un marché en très forte progression sur l’Europe et notamment la France
  • Des bases financières saines
  • Une clientèle déjà établie et fidèle
  • Des perspectives de diversification et de développement évidentes à court et moyen terme.
  • Mais surtout, c’est la confiance dans la société et dans ses dirigeants actuels

https://lesbougistes.com/



Agnès Beuchet, Promo 1998

Agnès a aussi fait carrière dans la communication et le marketing. Son parcours intial en agence de communication (Young et Rubicam Prodeo), dans les médias et chez l’annonceur ne la préparait pas forcément à devenir chef d’entreprise. Mais un désir d’entreprendre dans un projet concret lui a fait franchir le pas en 2014 après 2 ans de démarche.

La particularité d’Agnès ? Faire du neuf avec du vieux… En effet, son activité est une pure création d’entreprise reposant sur la relance d’une marque qui a bercé les jeunes années de bons nombres de quadra, quinqua et au-delà : Mako Moulage.

Précédemment vendue par son créateur à une Major du monde des jouets (Ravensburger), ce dernier a laissé la marque tomber en désuétude jusqu’à faire disparaître tous les outils de production.

Mais comment a-t-elle pu se mesurer à un tel mastodonte… et gagner ?

Ayant rédigé une recommandation sur cette marque emblématique durant son expérience en agence, elle a découvert en 2012 que plus aucune boîte de Mako Moulage n’avait été produite depuis des années.

En fait Agnès s’est appuyée sur la législation qui stipule que si une marque n’est pas employée pendant 5 ans, on peut contraindre le propriétaire à une déchéance de ses droits. Elle a donc pu racheter la marque à un prix raisonnable.

Mais ce n’était que le début de l’aventure. Il a fallu recréer de toutes pièces l’outil de production complet : les moules « aciers » pour former les moules « latex », les cartonnages, blister, peintures, etc… Dans cette démarche, elle a pu s’appuyer sur un maillage d’artisans français, tous prêts à faire revivre en « made in France » cette icône des années 70.

Pour la distribution, son réseau antérieur lui a permis de convaincre TF1 – Dujardin de rentrer dans l’aventure. Marque, Fabrication et réseau de distribution en place… le navire pouvait enfin quitter le quai.

Aujourd’hui avec 45% de marge brut, la société se donne les moyens de ses ambitions. Par an, ce sont plus de 70 000 boîtes de Mako Moulage qui sont vendus via les GSA et GSS ainsi que par Amazon ou la FNAC. Le CA 2016 s’établit à 850 000 euros, pas mal pour une boîte d’à peine 3 années d’existence et 2 salariés. Car il a fallu renégocier les licences pour la production des figurines emblématiques (mickey, etc.) et en trouver d’autres pour « coller » à l’époque. Princesses, fées et dinosaures viennent enrichir l’offre.

Pour l’avenir, après le lancement du site marchand cette année, Agnès va élargir sa gamme dans l’univers des loisirs créatifs en capitalisant sur le capital sympathie et la notoriété de la marque originale. 

En effet, si les clients des premières années regroupent les parents et grands-parents nostalgiques, il devient nécessaire de « dépoussiérer » la marque, renouveler et élargir la cible en réinventant le produit.

Pour « monter sa boîte », Agnès, à côté de son apport personnel, n’a pas eu de besoins de  financement colossaux. Un emprunt bancaire classique et un prêt Nacre ont suffi pour lancer le business et montrer que l’entreprise était viable.

Agnès arrive à la deuxième phase. Et là, une levée de fonds est envisagée pour installer définitivement la marque dans la durée, créer de nouveaux produits et lancer le développement international.


Reprise ou création, quelle que soit la voie, les fondamentaux se rejoignent vite.

Les conseils qu’elles nous donnent toutes les deux avant de se lancer dans l’aventure :

  • Avoir de la patience car le processus est très long
  • Se faire entourer notamment pour la partie financière et le pacte d’associés si ce n’est pas son cœur de métier
  • Etre bien conscient que l’on va vivre des moments à la fois exaltants mais aussi à stressant à 130% (financier personnel et professionnel, humains (les salariés), familial, etc.)
  • Ne pas hésiter à faire challenger ses idées
  • Rester dans l’innovation en permanence : essayer, évaluer, corriger (ou abandonner) et recommencer.
  • Ne pas partir dans l’idée de devenir le nouveau Zuckerberg en 1 an

http://www.makocreations.fr/

Entrepreneur : c’est avant tout un état d’esprit… et pour le moment, aucune de nos deux entrepreneuses, n’envisagent de faire le chemin à l’envers.




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